Silence on boucle : le webdoc sur la presse jeune

Présentation

Les jeunes s’engagent

Associativement, culturellement, politiquement. Ils ne sont pas simplement consommateurs d’une actualité, d’une émission, d’un spectacle, d’un évènement. Ils créent le monde qui les entoure, à leur échelle, à leur façon. Ils se retrouvent autour d’une table et montent un projet, souvent à plusieurs, toujours plein d’ambition.
La presse jeune est à la fois un outil et un thème récurrent en ce qui concerne le militantisme associatif des jeunes.
C’est également un facteur de politisation : la faible reconnaissance de la valeur militante de cette activité, associée à une méconnaissance relativement répandue des droits des journalistes jeunes conduisent ces militants à être fréquemment confrontés à des problématiques favorisant une prise de position politique.
Pour nombre de journalistes jeunes, les termes de censure ou de restriction de la liberté d’expression forment une réalité concrète, conduisant à une prise de conscience. Néanmoins, la presse jeune fait également l’objet de tentatives de dépolitisation.
Généralement, le journal du lycée est considéré comme un des éléments identitaires par les chefs d’établissement, raison pour laquelle la presse jeune peut être incitée à ne pas traiter des sujets intéressant la presse traditionnelle.
Cette presse alternative peut être l’objet de débats, de ruptures et de conflits. Plus encore, elle est considérée comme un outil formateur et éducatif puissant à l’usage des jeunes.
Fondation du journal, organisation de l’équipe, rapport à la direction, choix des sujets et de la ligne éditoriale… l’ensemble de ces enjeux, loin de n’être que des éléments de “fabrication” d’un média jeune, constituent des “moments” extrêmement forts dans lesquels se jouent l’ensemble des problématiques de ce type d’engagement associatif.

Cet engagement n’est pas extraordinaire

Ni anormal. Il fait souvent office de transition vers l’âge adulte. En aucun cas, les journalistes jeunes s’investissent majoritairement pour devenir journalistes.
Nous nous distancierons des discours assimilant la presse jeune à une activité ludique, à une copie du « vrai journalisme », ou à un phénomène folklorique.
Pour parler de la presse jeune, nous avons décidé de faire ce que presque personne ne fait : aller voir les journalistes jeunes.


 

Note d’intention de la réalisation

Ce webdocumentaire représente pour nous une possibilité inédite de pouvoir parler avec autant de liberté d’un sujet qui nous est particulièrement familier.

La presse jeune est un sujet peu « noble ». Quand elle est étudiée et analysée, c’est encore trop souvent par des personnes qui ne l’ont jamais pratiquée, et au travers de catégories générales comme « les pratiques associatives des jeunes ». Elle est généralement réduite à une activité «sympathique», «folklorique», de jeunes qui «veulent faire comme les grands ». En parallèle de ce discours, les journalistes jeunes sont confrontés à de vrais enjeux de liberté d’expression, de conditions de pratique de leur activité, mais aussi à des enjeux personnels, de nombreux journalistes jeunes ayant ainsi une «première pratique d’engagement » qui les suivra toute leur vie. Notre ambition est de prendre la presse jeune pour ce qu’elle est. Formellement, nous souhaitons réaliser un webdocumentaire sur une pratique qui chérit, à raison, le papier. Grâce aux nouvelles formes de communication, nous espérons porter à la connaissance du plus grand nombre que ces pratiques rédactionnelles, artistiques mais aussi politiques et militantes existent parmi les lycéens et les étudiants.

Nous espérons pouvoir exaucer trois souhaits. Le premier : faire connaître la presse jeune au grand public et montrer que la jeunesse s’engage pour s’exprimer. Le deuxième : étudier de manière approfondie les causes et les conséquences de la pratique du journalisme jeune. Le dernier : exploiter les possibilités offertes par le web pour proposer une production à la fois attractive, innovante et accessible mettant en valeur les protagonistes. Je suis convaincu que le journalisme jeune n’est pas un passe-temps, mais un engagement politique pour la liberté d’expression et pour la démocratie.

Le média numérique est, à notre avis, une façon intéressante de lier l’ensemble des supports pouvant être employés dans un documentaire, ainsi que de permettre au spectateur un statut moins passif, lui donnant l’opportunité de questionner, voire de critiquer, le propos du réalisateur. Cependant la première de nos motivations reste de porter un discours moins paternaliste sur les pratiques associatives jeunes. Présenter la jeunesse comme un groupe homogène et passif, tout en ne s’intéressant pas à ses espaces d’activité est en ce qui me concerne un auto-aveuglement dommageable. Je suis convaincu, de par mon expérience autour de ce milieu, que la presse jeune est, au contraire, un engagement sérieux et actif qui n’a rien d’amusant ni de mignon.